Vernissage samedi 2 septembre 2023 de 18h à 22h
Exposition du 2 septembre au 30 septembre 2023
Saison du dessin Pareidolie
La nuit des galeries PAC
« Marcheuse et voyageuse, je questionne notre rapport à l’espace et ses modes de représentation; inventant des cartes, des installations et des paysages sonores toujours nourris de dessins sur le motif, je me suis progressivement engagée dans un travail pictural, fascinée par la lumière de la lune. Je cherche depuis à saisir les lumières des paysages que je traverse en toutes circonstances. Après avoir vécu à Paris, Mexico, Marseille, Bruxelles et Copenhague, fondement de mes réflexions sur l’urbanisme et l’architecture, je m’installe dans les Alpes ; mes recherches portent depuis sur la lumière de la neige et la disparition des glaciers« .
Aurore Salomon

Entretien avec Aurore Salomon
Questions de Stéphane Guglielmet
Pour commencer cet entretien, je voudrais savoir comment tu en es venue aux arts plastiques. Si enfant tu dessinais déjà beaucoup ou si c’est un choix qui est arrivé plus tard durant tes études, par des professeurs, des rencontres ?
Quand je donne des cours de dessin, on me demande souvent depuis quand je dessine et je réponds simplement que je n’ai jamais arrêté de dessiner. Il y a un petit terreau familial vu que je dessinais avec mon père quand on partait en voyage ou en week-end. Il prenait un carnet et moi aussi. Après ce n’est pas qu’héréditaire, vu que je suis la seule sur six !
Au niveau de tes études, à quel moment as-tu fait le choix d’aller vers des études d’arts ?
Quand j’avais 12 ans, j’allais à un atelier théâtre au collège et on était trop nombreux. On n’avait pas assez de quoi s’occuper. Je me suis alors investie à faire les décors. À partir de ce moment-là, j’avais voulu faire de la scénographie, ce que finalement, je n’ai jamais fait.
Au sujet des Beaux-arts, j’avais plutôt commencé un parcours de design et d’arts appliqués, dans la perspective de trouver un métier avec plus de stabilité. Je suis plutôt venue au dessin et à la peinture malgré moi…
Tu peux un peu plus détailler ce terme « malgré moi », qu’est ce qui t’a fait basculer sur la peinture ? C’est le fait d’aller dans des musées, de rencontrer des professeurs ou d’autres étudiants ?
Le rapport à la peinture était déjà présent. Je dessinais tout le temps. Quand j’étais à l’école d’arts et design de Reims j’étais très mauvaise pour répondre à des commandes. Je n’avais pas du tout l’esprit design et les professeurs ont remarqué que je m’épanouissais bien dans le dessin et la peinture et m’ont encouragée dans cette direction. Ce n’était pas planifié, c’est venu malgré moi. J’ai donc décidé de changer d’école puisque que l’école de Reims était réputée pour le design, mais la section arts était très étouffée. Je suis donc allée à Marseille pour la grandeur de la ville et son côté ouvert sur la Méditerranée qui m’attirait beaucoup. Il semblait y avoir une vie culturelle importante notamment au sujet du spectacle vivant.
Aux Beaux-arts de Marseille, j’ai eu du mal à trouver ma place. C’était une école divisée en ateliers qui correspondent à des techniques (peinture, photo, sculpture…) et mon médium principal était le dessin. J’avais donc envie de tout essayer et je ne trouvais ma place nulle part. À l’époque, le dessin n’était pas considéré comme une pratique artistique en soi. C’est venu assez récemment avec l’avènement des foires de dessin.
J’ai cherché ailleurs. En quatrième année, j’ai été en Erasmus à Copenhague dans l’atelier « Mur et espace » de l’académie des Beaux-arts. Cet atelier n’était pas organisé autour d’une technique, mais plutôt d’une problématique autour de l’espace public. J’étais un peu seule dans ma pratique parce que la plupart des étudiants pratiquaient surtout la performance et la vidéo, mais les sujets de réflexions m’intéressaient. On réfléchissait sur la ville, l’urbanisme, l’organisation de l’espace public. J’ai rencontré un professeur anglais, Nils Norman, qui a beaucoup compté pour moi. Il avait une pédagogie de l’école hors les murs et on ne faisait presque pas de cours en classe. On sortait explorer et visiter la ville. On était dans des recherches engagées et alternatives, à la frontière de l’activisme. En parallèle, je continuais à faire de la peinture.
Cette expérience à Copenhague ne t’a pas donné envie de rester dans un autre pays, une autre culture ? Est-ce que tu as pu finir ton cursus à Marseille normalement ?
Ça a été très difficile de revenir. En revenant à Marseille, j’ai encore moins trouvé ma place. À l’époque où j’étais à Copenhague les conditions d’études étaient royales. Je m’étais d’ailleurs mise à faire des marches sonores, ce qui à l’époque n’était pas du tout à la mode. J’avais découvert le travail de Janet Cardiff qui travaillait avec une tête artificielle ou celui de Max Neuhaus qui faisait des paysages sonores.
Quand je suis revenue à Marseille je suis donc allée à l’atelier son avec Lucien Bertolina et ça a été un refuge au sein de l’école, mais je n’ai pas réussi à évoluer techniquement. J’étais coincée entre ma pratique du dessin et ma pratique sonore. Je voulais à tout prix allier les deux en essayant de concevoir une scénographie très ambitieuse pour mon diplôme et ça n’a pas fonctionné.
Je n’ai pas voulu le repasser immédiatement et j’ai commencé à travailler. Pour des raisons administratives j’ai dû fournir mon diplôme de master. Je me suis donc dit qu’il fallait que je repasse mon diplôme dans l’optique de vouloir enseigner. J’ai repris mes études à l’École des d’Arts d’Aix-en-Provence avec Marine Pagès qui était engagée dans la pratique du dessin et était en train de lancer la revue Roven. J’ai passé un beau diplôme avec félicitations.
Par rapport aux différentes villes que tu as traversées, est ce que tu n’as pas eu l’envie de t’installer à l’étranger, comme peuvent le faire beaucoup de jeunes diplômés aujourd’hui ?
Entre le diplôme non-obtenu et le diplôme réussi, j’ai fait une résidence à Bruxelles. J’avais envie de rester là-bas. C’était en 2010 et il n’y avait pas la même vague de Français qu’aujourd’hui et c’était plus facile de s’y installer. Par un concours de circonstances ainsi que pour des raisons personnelles, je n’y suis pas restée. Je suis donc rentrée à Marseille, que j’aime beaucoup.
Concernant l’exposition et la thématique de la montagne, est-ce que tu peux me dire à partir de quand tu as commencé ce travail sur le paysage ?
Le paysage est présent depuis le début de ma pratique. La montagne, j’y allais depuis petite et j’avais déjà essayé de la dessiner au début de mes études mais c’était laborieux.
Un mois et demi avant le confinement, j’ai quitté Marseille et je me suis installée au pied d’un glacier que je connais depuis mon enfance. De le voir tous les jours, je me suis mise à vraiment l’observer et j’ai remarqué qu’il était en train de disparaître. J’avais l’impression que ma mémoire me jouait des tours et je me disais que ce n’était pas possible que le glacier ait autant changé. J’ai cherché des photos et je me suis rendue compte que ma mémoire était fiable et qu’il avait diminué de manière spectaculaire. Quelqu’un m’a dit que les glaciers des Écrins allaient disparaître en une vingtaine d’années. Je n’arrivais pas à le croire, mais ça m’a été confirmé par des experts. Maintenant que j’y habite ça me parait évident.
J’ai alors entrepris ce travail de peinture dans une démarche de garder la mémoire des paysages. Des endroits que non seulement je connais, avec quelque chose de l’ordre de l’affect, de l’attachement, mais aussi dans l’idée de contribuer à des mémoires collectives.
Dans ta façon d’aborder le travail en extérieur, est ce que tu marches, est ce que tu t’équipes ? Est-ce que ta démarche s’est forgée au fur et à mesure ? Dans l’exposition, on peut également voir différents médiums .Comment est-ce que tu choisis ta technique ?
De manière générale, mon travail est spontané. Ce n’est pas conceptualisé d’avance. Je fais et après, j’essaye de poser des mots dessus.
D’abord j’ai commencé à peindre la fonte des neiges. J’y voyais une métaphore de ce que nous vivions pendant le confinement ; comme un effondrement, avec la neige qui coule partout. Au fil des saisons, je suis remontée dans les étages alpins puis hauts-alpins et je me suis approchée du glacier. Comme je le voyais depuis mon village, je commencé à le peindre. Ensuite, je me suis mise à chercher les points de vue les plus adaptés. Quand je cherche quelque chose de précis, c’est beaucoup de préparatifs ; beaucoup de lectures de cartes pour analyser le relief, penser où se positionner par rapport à la lumière et à l’heure. En partant du fond de vallée, il faut en général deux ou trois heures de marche pour s’approcher d’un glacier. Il faut donc trouver un compromis pour être au plus près, pouvoir porter du matériel, faire l’aller-retour dans la journée ou loger sur place.
Concrètement, l’année dernière, j’ai pu avancer sur ce projet grâce à la DRAC et au soutien important et informel du gardien de refuge du Glacier Blanc. Il m’a accueillie gracieusement dans les chambres du personnel. Ça m’a permis de peindre au plus près du glacier aux premières heures du matin et aux heures du soir, la lumière de la journée étant trop forte et éblouissante.
Dans cette exposition, je montre aussi un travail sur la neige. Là aussi, ça part de quelque chose de spontané, d’un accident. J’étais allée peindre chez une amie dans le Vercors l’hiver 2017. J’y étais allée pour continuer ma série sur la lumière de la lune et finalement, il a fait nuageux. J’ai donc peint à la tombée du jour. Une fois, par nuit claire, je suis allée peindre dehors à six heures du matin et la température était en dessous de zéro. J’ai alors découvert un phénomène très étonnant : la peinture gelait instantanément sur la feuille. C’était impossible de reprendre, la peinture restait figée. En séchant, l’empreinte du givre est restée dans la peinture.
Quelque chose de très éphémère se retrouve immortalisé. Ça résume un peu ma démarche dans cette recherche de lumière. Peindre quelque chose qui est sur le point de disparaître, un glacier, un coucher de soleil, une lumière… Souvent mes peintures partent d’un hasard qui devient ensuite une intention.
Pour la neige, c’est la recherche d’une lumière particulière, entre chien et loup, ce moment où il y a encore de la lumière mais où il n’y a plus d’ombres. C’est très particulier. Avec la neige ce qu’il y a d’étonnant, c’est qu’elle semble luminescente. Le soir, j’ai l’impression qu’elle a accumulé toute la lumière de la journée et qu’ensuite elle la renvoie. C’est ce que j’essaye de retranscrire en peinture. Je pense que la neige est le sujet le plus difficile en peinture. Monet s’y est attelé à une époque où il suffisait d’aller dans la Creuse pour trouver de la neige. Je veux essayer de faire sortir la lumière du support, ce qui est un gros défi et surtout un acte engagé puisqu’aujourd’hui on a la concurrence des écrans.
Par rapport à ce que tu viens de dire, pour toi, c’est quoi le dessin aujourd’hui ?
Concernant mon travail, j’ai du mal à savoir si je dois dire peinture ou dessin. En muséographie on classe toutes les œuvres sur papier dans le domaine des arts graphiques pour des questions de conservation. Après, techniquement, je pourrais parler de peintures puisque ce sont des recherches de couleurs et de matières propres à la peinture. La recherche de lumière est aussi présente en dessin, elle est même encore plus difficile. Dans les dessins à la plume de Van Gogh, on peut voir comme il maitrise la lumière dans le paysage.
Personnellement, même si je connais très peu l’art asiatique, je me reconnais un peu dans cette filiation puisque je dessine sur papier avec des techniques à l’eau et non pas sur une toile avec de l’huile. De plus, je peins à l’horizontale et non pas à la verticale. Et enfin je suis dans une recherche du trait juste, le plus épuré possible et sans repentir. Je peins, et c’est bon ou ce n’est pas bon. Dans la langue chinoise, peindre et dessiner, c’est le même mot (画Huà ), ce qui me convient bien.
Tu peux nous parler un peu plus des techniques que tu utilises, l’aquarelle, le feutre, l’encre… ? Qu’est-ce que tu emportes comme matériel ?
Le travail sur les glaciers est encore en recherche. Je suis au stade où j’expérimente différentes techniques. J’ai commencé en noir et blanc à l’encre alors que cela faisait plusieurs années que j’étais tournée vers la peinture pour mes travaux sur la lumière de la nuit par nécessité. Quand tu peins à la lumière de la nuit, à l’aveuglette, c’est compliqué d’être dans un geste précis de dessin. Avec la peinture, je reste plus suggestive. Pour les glaciers, comme j’étais dans des lieux inconfortables, assise sur un caillou, presque en équilibre, je n’ai pas l’espace pour poser des encres ou des boites d’aquarelles. J’utilise des sortes de feutres-pinceaux japonais remplis d’encre Rohrer, qui est plus mate que l’encre de chine mais avec le même noir intense. J’utilise aussi des pinceaux fins ou des feutres d’encre pigmentaire qu’on utilise pour les dessins techniques en architecture et design.
Sur la fin de l’été dernier, je me suis lancée dans les pastels gras et j’ai trouvé ça super. J’ai pu garder quelque chose de brut et de gestuel un peu comme dans ma peinture. J’en ai fait très peu parce qu’il me manquait du blanc. On ne peut pas être près de tout, des glaciers et des magasins de beaux-arts ! Je voudrais continuer aux pastels en plus grand car je me sens un peu limitée dans ces formats.
J’aimerais aussi que tu nous parles du soleil qui est à l’entrée de l’exposition. Pour moi, j’ai vraiment la sensation d’être face à un soleil de montagne. C’est lui qui nous accueille et j’aurais aimé savoir pourquoi tu as décidé de peindre cette série de soleils, un peu comme des natures mortes.
Finalement, comme pas mal de choses, il y a un long temps de maturation. Petite, j’ai beaucoup été au Louvre et certaines peintures me fascinent depuis longtemps. De là est venu un désir très ancien de peindre le fond des tableaux inspiré par les peintures de Joseph Vernet et du Lorrain. Ils placent tout deux le soleil au centre de leurs tableaux, mais toujours la scène devant me dérangeait avec son côté narratif, voire anecdotique.
Ça m’a donné envie de peindre ce qu’il se passe derrière le premier plan, je ne cherche pas le narratif. Il y a eu deux éléments déclencheurs à cette réflexion. J’étais chez une amie qui a une vue panoramique à Château-Neuf-de-Grâce. J’ai peint du lever au coucher du soleil. C’était fin d’automne. Progressivement, je cherchais à me détacher du premier plan et j’essayais de retirer tout ce qu’il y avait devant. Je pensais beaucoup à Turner qui lui, s’est détaché de la peinture d’histoire pour aller vers la peinture de paysage. Les thèmes historiques deviennent tout petits et ce sont les éléments naturels qui prennent le dessus. Et un jour, je ne sais pas comment je me suis dit qu’il suffisait de concevoir une peinture de paysage sans premier plan.
Ces soleils, je les ai peints à Marseille. J’habitais dans une rue qui était dans l’axe du soleil en hiver en fin de journée. A ce moment-là, la lumière devient très blanche et il est possible de regarder le soleil en face. J’ai voulu figurer l’impossibilité de voir, l’éblouissement. Au départ, il y avait encore les immeubles dans mes peintures et j’ai tout enlevé pour ne garder que le soleil. Ça a été un long processus pour arriver à quelque chose de radical.
Dans mes peintures de neige, il y a aussi cette question sur la limite du visible. Il y a parfois des choses plus figuratives, mais aussi de l’informe, notamment dans mes peintures d’igloos qui se décomposent. Je pars d’une expérience sensible et visuelle pour aller vers l’abstrait, la lumière et la couleur de la peinture.
Pour finir la visite de l’exposition, est-ce que tu peux nous parler de tes gravures ? Est-ce que c’est une autre façon d’aborder le dessin, dans la multiplication de l’observation ?
En termes de démarche et de technique, c’est complétement autre chose. C’est une technique beaucoup moins spontanée, à part pour les gravures expérimentales sur tétrapack qui restent très gestuelles. Les aquatintes sont un travail sur l’image avec une construction pensée en niveaux de gris. Chaque niveau de gris représente un temps différent d’action de l’acide sur la plaque de zinc. Pour fabriquer une image, il faut compter deux ou trois jours de travail.
Je suis allée vers cette technique sûrement parce qu’aux Beaux-arts, on me disait que mes dessins en noir et blanc ressemblaient à de la gravure et que ça me plairait sûrement. Ce qui m’intéresse, c’est le rapport au hasard. On travaille une image un peu à l’aveuglette et on la découvre au moment du tirage. Même des personnes avec trente ou quarante ans d’expérience ne sont jamais certaines de ce qui va sortir.
Il y a aussi une démarche engagée, le fait de rendre l’art accessible par le multiple, qui permet de baisser les prix.
« Je ne veux pas plus d’art pour quelques-uns que d’éducation pour quelques-uns ou de liberté pour quelques-uns » William Morris
J’ai une dernière question sur ton travail par rapport à la place du dessin aujourd’hui et à sa présence dans les salons et les foires. Je trouve qu’il y a une modification du dessin que j’appelle du design. Ton travail je le trouve, de manière positive, à contre-courant. Je vois peu d’artistes travailler comme tu le fais. Cette exposition est à l’inverse des tendances du dessin d’aujourd’hui avec des artistes qui cherchent un style, une forme efficace avec quelque chose de normé et de formaté. Comme une forme de standardisation de l’art. Je voulais savoir comment toi, tu vois les choses ?
Je prends ça comme un compliment et je pense que je te rejoins. Ce que tu ressens s’explique aussi par la démarche de dessiner sur le motif, qui devient maintenant assez rare. Dans le monde de l’art, on a une exception qui est David Hockney qui peint sur le motif. Il sait s’inscrire dans l’art contemporain et même avoir une renommée auprès du grand public.
Personnellement, de voir David Hockney ça me rassure. Il arrive à se servir des nouvelles technologies sans se faire happer par le design. Il se sert de sa tablette graphique comme d’une boite de peinture. Est-ce que toi, cette tendance te pose question ?
Dans mes études, je n’ai jamais été dans un groupe. Aujourd’hui encore, je me sens assez seule dans l’art contemporain. C’est assez difficile de trouver ma place. La technique du dessin sur le motif, bien qu’elle ne se fasse pas dans l’art contemporain, se fait par des peintres souvent considérés comme « ringards ». J’ai l’impression d’être ailleurs. Ni dans les mouvements de l’art contemporain, ni dans quelque chose de narratif et descriptif, pour ne pas dire naïf. Je peine parfois à assumer mon travail, j’ai peur d’être prise pour une ringarde quand ma peinture devient plus figurative.
Le problème selon moi, c’est que beaucoup d’artistes travaillent depuis des images, parfois même des images sur écran, avec des choses qu’ils n’ont même pas vues. Je ne veux pas être radicale en rejetant toutes les formes de créations d’après Internet car il peut y avoir des choses intéressantes, mais pour moi cela reste un écueil. C’est suivre le mainstream. Je me mets en concurrence avec les écrans et je me sens complètement à contre-courant. Je n’ai pas du tout de culture télé, je ne regarde pas de films sur petits écrans. Le fait d’avoir grandi à Paris m’a fait voir très tôt des originaux et je suis incapable d’estimer une peinture sur catalogue. J’ai besoin de la voir en vrai. J’ai conscience que c’est un privilège !
Pour finir de répondre à ta question, je ne vais plus dans les salons de dessin. Je déteste les dessins plats, qui ressemblent à de la copie. S’il n’y a pas une patte, ça ne m’intéresse pas. Je suis une romantique, dans ma démarche, dans mon travail.